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Au-delà de la ligne d’arrivée : Ben Flanagan et Kieran Lumb

Pour les athlètes olympiques Ben Flanagan et Kieran Lumb, l’immensité des paysages canadiens nourrit une soif d’exploration qui ne peut qu’inspirer leurs prochaines aventures de course.

Texte de Laura Markwardt. Vidéo par The Rec League, photographie de Brenton Salo.



Le Canada est une nation qui ose sortir des sentiers battus, parfaite pour ceux et celles qui osent s’aventurer, progresser et dépasser leurs limites. Le pays s’étend sur 10 millions de km² et 6 fuseaux horaires de la douceur du Pacifique au cercle arctique. Bien que l’ensemble du territoire soit cartographié, certaines régions demeurent vierges et inexplorées, un peu comme le potentiel humain et ses limites que les athlètes testent sans arrêt lors de leurs performances. Ces terres inconnues n’attendent qu’à être découvertes, de la même façon que l’endurance et la vitesse humaines n’attendent que les athlètes qui sauront battre de nouveaux records.


Pour les athlètes de demi-fond Ben Flanagan et Kieran Lumb, la course pour repousser plus loin les limites de leur potentiel est sans fin. Alors que l’euphorie des Jeux olympiques 2024 commence à s’estomper, les deux coureurs se tournent vers l’avenir en se fixant de nouveaux objectifs ambitieux. 


« Dans nos rêves, on s’imagine toujours aux Jeux olympiques », déclare Ben. Le détenteur d’un record national pour les 5 km et 10 km sur route a toujours vu grand, et son parcours pour réaliser son rêve a commencé il y a des années.


Originaire de Kitchener, en Ontario, Ben adore plaisanter sur la ligne de départ, ce qui ne l’empêche pas de faire un sprint dévastateur en fin de course. Charismatique et enjoué, il est le maître de la distance, plus précisément sur route, et est devenu l’un des meilleurs espoirs canadiens en marathon et semi-marathon. « Tout change vite, dit-il. Il se passe tellement de choses dans le monde de la course que c’est difficile de se démarquer. »

Mais heureusement pour lui, il a trouvé une technique qui marche. En 2018, Ben Flanagan s’est fait remarquer dans l’univers de la course grâce à un dernier tour de piste explosif qui l’a vu décrocher le titre de champion NCAA au 10 000 m à l’université du Michigan. Aujourd’hui installé au Massachusetts, il continue, du haut de ses 29 ans, de se fixer des objectifs qui l’animent. « Avec cette victoire, je me suis fait connaître dans le monde de la course. J’ai profité de l’expérience, et dans le fond, ça a toujours été mon objectif premier : d’avoir du plaisir. »

Le sens de l’humour de Flanagan est ce qui le rend si unique. Il suffit de regarder une photo de la ligne d’arrivée de sa course locale, la célèbre Falmouth Road Race, qu’il a remportée trois fois et où il vient de finir 7e, juste après son retour des Jeux de Paris.

« Ça a toujours été mon objectif premier : d’avoir du plaisir. »

Du plaisir? Absolument. Mais rester en tête demande une certaine résilience. Ben travaille très fort à l’ombre des regards pour en arriver là. « La plupart du temps, j’aime bien m’entraîner, affirme-t-il, ce n’est pas une corvée. » Et à tout moment, vous pouvez le retrouver au dernier tour en un clin d’œil. En effet, Ben sait comment changer de tactique quand son plan initial ne se passe pas comme prévu.  


En 2021, il passe à deux doigts d’être sélectionné pour l’équipe olympique du Canada pour les Jeux de Tokyo. « Cela m’a fait réaliser le véritable niveau des athlètes sélectionnés aux JO. » Ben réagit en changeant légèrement d’objectif. Il se concentre sur une série de courses prestigieuses, qui se soldent par un record personnel de 1 h 01 min 00 s au semi-marathon de Valence en 2022, explosant par la même occasion le record canadien. En mai 2024, à Ottawa, lors d’un autre exploit historique, il bat le record national au 10 km sur route avec un chrono de 28 min 9 s.


À partir de là, tous les chemins mènent à Paris, et aux Jeux. Et cette fois, Ben ne plaisante plus. « Mon meilleur souvenir, c’est quand j’ai couru dans les normes olympiques à Boston [13 min 04 s 62 ms au 5000 m] pour avancer ma qualification aux JO de Paris. » 

Ben termine troisième aux sélections olympiques. « Je suis fier d’avoir représenté le Canada à Paris, déclare-t-il. Même si j’aurais aimé que la course se passe mieux, ça a été une expérience exceptionnelle. »

Olympien un jour, Olympien pour toujours. Arborant déjà un tatouage de la feuille d’érable canadienne, Ben s’est fait ajouter les anneaux olympiques sur l’avant-bras en 2024. « Les deux sont en rapport avec la course, mais aussi en rapport avec mes objectifs personnels. »

« Je me définis par mes racines et mon identité canadienne, ainsi que par ma famille et mes proches qui me soutiennent, continue-t-il. Le soutien que j’ai reçu de tout le pays [pendant les Jeux] a été incroyable. Je suis fier d’être canadien. »

« Je suis fier d’être canadien. »

Mais Ben fait face à un dilemme que connaissent beaucoup de coureurs et coureuses d’élite. Déterminé à suivre son plan, obsédé par ses objectifs et, pourtant, devant analyser chaque résultat séparément de son statut d’athlète polyvalent. Ses yeux restent fixés sur l’objectif « Tu finis une chose. Tu passes à la prochaine. »

Les évènements de 2024 lui ont appris quelque chose : « Cette année, aux Jeux olympiques, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu cette pression, dit-il. Le tempo et la planification sont cruciaux avec de tels enjeux. Et c’est difficile de bien les gérer. J’ai compris ce que voulait dire se préparer pour la meilleure performance possible. »

Cette approche holistique, celle d’être au sommet de sa forme à temps pour courir la course parfaite, est au cœur des nouveaux objectifs de Ben. Qu’il se concentre sur le fait de gagner en vitesse lors des mondiaux ou de franchir la distance lors des grands marathons : « Il faut que je gère parfaitement le rythme pour être au summum de ma performance aux moments les plus importants. » 

« Tu finis une chose. Tu passes à la prochaine. »

Son désir « d’avoir une influence positive sur le monde de la course » est en phase avec l’esprit canadien, et avec celui de son compatriote et autre détenteur d’un record national, Kieran Lumb.  

Ce dernier a la même vision et la même résilience, toutes deux essentielles, selon lui, pour progresser au niveau sportif et personnel. « Pour être athlète de haut niveau, il faut savoir comment tirer le maximum de soi, même quand c’est difficile. »

Kieran, 26 ans, a grandi à Vancouver, en Colombie-Britannique. Pendant sa jeunesse, c’est en explorant en ski de fond les grand espaces nord-américains qu’il forge son endurance. « Les montagnes sont une bonne préparation », dit-il.

Kieran a grimpé progressivement mais sûrement les échelons de son sport. Avec une intensité calme et réfléchie, et une concentration sans faille, il approche chaque course comme une partie d’échecs, suivant une stratégie à chaque coup. Athlète pendant ses études à l’université de Colombie-Britannique (UBC), il remporte plusieurs titres nationaux jusqu’en 2021, lors des championnats universitaires, dominant toutes les disciplines du demi-fond.

À l’automne 2023, il a battu le record canadien du 3000 m de quelques secondes (7 min 38 s 39 ms), remporté son premier titre national sénior en cross-country et fini 5e au mile sur route aux Championnats du monde de course sur route en Lettonie.

Sa capacité à exceller dans plusieurs disciplines pendant une même année reflète son approche pragmatique de chaque course. « Je vois chaque course comme un pas de plus vers des succès futurs encore plus grands, dit-il. C’est quelque chose que mon père m’a appris, et c’est resté. Cela m’aide à ne pas tout miser sur une compétition. »

Et le nec plus ultra de l’athlétisme, ce sont les Jeux olympiques. Après avoir poursuivi les normes olympiques toute la saison, le rêve de Kieran de fouler la piste des JO s’est enfin réalisé. « Représenter le Canada aux Jeux [au 1500 m] a été un immense honneur », dit-il.

Arrivé aux Jeux de Paris, il compte déjà parmi les finalistes potentiels, un exploit aussi grand que le pays qui l’a vu naître. Lorsque quelques fractions de secondes peuvent tisser un destin, la pression est difficile à ignorer. « Quand on est un athlète de haut niveau habitué à la pression de la compétition, l’année peut se résumer à une poignée de moments très courts, déclare-t-il. Tout cela vous donne la capacité de gérer cette pression et de prendre du recul. »

« L’année peut se résumer à une poignée de moments très courts. »

Et bien que cette fois-ci, sa campagne olympique ne lui ait pas rapporté de médaille, son caractère optimiste et tourné vers l’avenir lui permet de rebondir sur de nouveaux objectifs pour 2025. « Ma motivation est de continuer de participer à des compétitions de haut niveau », dit-il. On pense entre autres à son objectif de passer sous les 3 min 30 s au 1500 m ou de performer aux Championnats du monde et dans la Diamond League.

« Chaque course est une étape vers le sommet. »

« Je pense à toutes les personnes qui m’ont soutenu pour en arriver là, poursuit-il. On dit souvent qu’il faut tout un village [pour former un athlète], mais au-delà du cliché, c’est un peu vrai. Il faut toute une équipe pour amener un athlète vers un objectif. »

Et de ce point de vue, l’expérience de Kieran crée un nouveau lien entre son pays, sa performance aux JO 2024 et le prochain échelon de sa carrière. « J’apprends encore beaucoup sur moi-même, explique-t-il. Courir est un très bon moyen [de se connaître] et c’est quelque chose qui me motive. »

Parfois, de nouvelles découvertes peuvent émerger dans l’espace qui se crée entre entraînement et performance. Elles permettent de grandir, d’évoluer et de poursuivre de nouveaux objectifs, des vastes plaines du Grand Nord aux horizons infinis vers lesquels Ben et Kieran se dirigent. « J’ai des rêves encore plus grands, conclut Ben, le voyage continue. »